Partir faire un tour du monde en famille à 47 ans ? Ce n’était pas prévu…ou plutôt, c’était prévu depuis tellement longtemps que je n’y croyais plus. Mais ce qui m’effrayait le plus, et contrairement à ce qu’on aurait tendance à croire, ce n’était ni l’argent ni la logistique… c’était d’oser dire à mes proches que je partais.
Pour moi c’était sans doute l’étape la plus difficile et j’avais identifié 3 difficultés majeures.
J’avais 47 ans, trois enfants dont Amaury, 18 ans, écorché par la vie, un père malade et une entreprise en pleine croissance. En théorie, c’était le pire moment pour tout mettre entre parenthèses. Mais convaincue qu’il n’existe jamais de moment idéal pour réaliser un rêve, j’ai décidé que le moment, c’était maintenant.
Il vaut mieux vivre avec des remords qu’avec des regrets.
Alors, c’est un par un, que j’ai dû affronter ceux qui comptaient le plus pour moi. Comme des étapes avant le vrai départ.

Célian venait d’entrer dans la jungle du collège et allait bientôt emprunter le chemin de l’adolescence, l’éloignant peu à peu de nous. Après, il serait (je pensais) définitivement trop tard. Cette première année de collégien l’avait confronté au harcèlement moral et physique…avec une dose de racket pour un cocktail parfaitement explosif, et même si la situation s’était finalement apaisée en fin d’année je crois qu’au fond, tout comme moi, il appréciait l’idée d’être dans une bulle, entouré de ses parents pour le protéger de la dureté de ce monde pendant cette année à venir. Bien sûr, cela ne serait qu’une parenthèse et il faudrait reprendre la voie traditionnelle au retour. Comme le lui avait dit le directeur de son collège : « Cette expérience va te faire mûrir et tu verras que ce qui te semble important aujourd’hui ne sera sans doute que des détails au retour ».
Il n’existe jamais de moment idéal pour réaliser un rêve. Alors nous avons décidé que le moment, c’était maintenant.

Pour mon aînée, Amaya, c’était bien plus simple. Elle était loin de moi mais heureuse. De plus, ce tour du monde serait l’occasion de nous revoir prochainement. Elle avait entrepris elle aussi de vivre son rêve et de partir vivre la vie australienne, non pas le temps d’un PVT comme de nombreux jeunes de tous les horizons mais de quitter définitivement la France en laissant derrière elles des souvenirs familiaux traumatisants au passage. Si le départ était initialement prévu à notre retour de tour du monde, l’appel du grand large avait eu raison d’elle, et dès l’obtention de son BTS, Maxime et elle avaient levé les voiles nous laissant sans ressources pour la garde de notre fidèle compagnon Roméo. Et là aussi, il allait falloir gérer. Pour ce dossier je laisserai ma place à son maître, Clément, ma moitié. Non pas que je ne me sente pas concernée par le destin de notre chien mais j’avais déjà de grandes décisions à prendre…Et si j’acceptais de partir loin de mon fils en détresse, de mon père en fin de vie et de mon entreprise en plein essor, confier Roméo à une famille d’accueil triée sur le volet, ne serait alors, pour moi qu’une simple formalité.

Amaury avait pris son indépendance depuis bien longtemps, et venait tout juste d’atteindre la majorité. Séduit par plusieurs péchés capitaux, pour oublier les blessures du passé et du présent, il menait une vie faite de hauts et surtout de bas. Il avait choisi très jeune de partir dans le sud de la France pour aller à la rencontre de son père qui nous avait quitté pour ses 2 ans. Depuis la relation à distance était difficile, mais je ne lâchais rien malgré la situation, et je persévérais pour maintenir notre lien qui avait été si fusionnel auparavant. Voir mon fils, même à distance, dans une telle détresse était une souffrance au quotidien. Être témoin et impuissante à la fois face à ce chaos, une déchirure. Lui annoncer que j’allais m’absenter le temps d’accoucher d’un rêve aurait pu sembler banal puisqu’il me repoussait et refusait perpétuellement mon aide. Mais au plus profond de moi, je savais que ce n’était pas si simple que ça, puisque moi-même, j’avais le sentiment de l’abandonner tout en essayant de me convaincre qu’il fallait qu’il trouve ses solutions, qu’il avance et se construise SA vie. Et puis aujourd’hui avec WhatsApp nous étions les bourgeois du voyage ; garder le contact n’avait jamais été aussi facile ! Mais dans mon cœur c’était un déchirement. Je devais prendre une décision. Alors c’est égoïstement que j’ai signé pour 10 mois de voyage à travers le monde. Ici, pas de moment idéal, mais il avait choisi de vivre loin de moi. Alors je décrétais que c’était le moment pas idéal mais le moment quand même. J’avais l’impression d’abandonner mon fils… alors qu’en vérité je voulais lui montrer qu’on ne doit jamais abandonner ses rêves. Il n’existe jamais de moment idéal pour réaliser un rêve, alors j’ai décidé que le moment, c’était maintenant.
Partir, c’est mourir un peu… mais c’est surtout renaître ailleurs. Alphonse de Lamartine

À 47 ans j’allais devoir annoncer à un autre homme de ma vie, mon père, que j’avais décidé de tout mettre entre parenthèses pendant 10 mois pour devenir citoyenne du monde et réaliser un rêve. Le problème n’était pas de couper le cordon pour moi qui avais quitté le cocon familial à 16 ans, mais de laisser un père souffrant et une mère épuisée. La culpabilité avait encore frappé. Je ne sais pas si inconsciemment j’avais décidé de soigner ma blessure de l’abandon selon Lise Bourbeau (https://amzn.eu/d/2Ho0UxD) par l’abandon mais là aussi j’ai pris mon courage à 2 mains et j’ai annoncé la couleur. Pas brutalement, trop difficile pour moi, mais de manière progressive sans être entendue jusqu’au moment où j’ai fini par cracher mon venin. Mon envie de lever les voiles et de vivre cette aventure était trop forte pour rester paralysée par la peur car de manière rationnelle je n’étais pas irremplaçable. D’ailleurs que ce soit mon fils, ma fille ou mes parents ils avaient tous, quelques années auparavant, décidé de partir loin de moi. Alors cette fois c’était mon tour et ce n’était, au moins à ce stade-là, que temporaire. Signer pour 10 mois de voyage, c’était écrire noir sur blanc que j’allais manquer un Noël en famille, leurs anniversaires, deux rendez-vous avec eux tout au plus. Là non plus, pas de moment idéal mais je n’allais quand même pas attendre la mort de mon père pour jeter l’ancre ? Pire. J’aurais eu l’impression d’espérer un drame pour ensuite me faire plaisir. Non je ne pouvais rien faire contre l’avancée de la maladie de Parkinson qui affaiblissait papa chaque jour un peu plus et ce depuis des années alors il n’y aurait pas de bons moments, car quand il nous quittera, Maman sera seule, et ce sera une autre culpabilité de la laisser.
Il n’existe jamais de moment idéal pour réaliser un rêve, alors j’ai décidé que le moment, c’était maintenant.
Le plus dur était fait et je me sentais soulagée après avoir fait ma déclaration à ma famille. Cependant il restait une dernière étape avant de m’engager officiellement dans le projet TDM. Il fallait désormais l’annoncer à mon équipe. Ici 2 options s’offraient à moi et elles avaient le choix. C’est à la fin d’une réunion d’équipe, un jeudi d’hiver, que je leur présentais mon projet et ma stratégie : mettre l’activité en sommeil pendant 10 mois (pour information elles exercent à mes côtés à temps choisi et ont une autre source de revenus) ou si elles préféraient poursuivre l’activité en mon absence. De manière unanimes elles optèrent pour le maintien de leur activité avec une gestion à distance. Rien d’insurmontable dans l’ère post Covid où nous nous étions familiarisées avec les outils digitaux.

Voilà, j’avais réussi à affronter ce qui me terrorisait le plus et j’étais maintenant prête à passer à l’étape suivante : la préparation du voyage. Ce qu’il m’a fallu ? De la détermination, de la sincérité et une bonne dose de courage pour nous affirmer mes choix et moi.
On ne regrette jamais ce qu’on a fait, on regrette toujours ce qu’on n’a pas osé faire. Charlie Chaplin
Alors, rendez-vous au Pérou, la première destination de ce voyage sans filtre !

COucou, très émouvant ton premier chapître….il faut du courage et comme tu le dis très bien « ce n’est jamais le bon moment » alors il faut trancher pour revenir plus fort, mais ….il faut oser et tu l’as fait 👍 bravo à vous trois ! 😍
Merci beaucoup Rosette 🙏. Oser, c’est la clé et une fois le pas franchi, on en ressort grandi et transformé. Merci pour ton soutien, ça me touche énormément ❤️ Des bises à tous !
Bravo Armelle pour ce manifeste de détermination et d’amour.
Comme je l’avais lu un jour ancien du temps de ma jeunesse » Partir c’est sûrement mourir un peu, mais c’est renaître, toujours »
Amitiés sincères
( à suivre donc ! )
PZ
Merci Patrick 🙏 J’aime beaucoup cette citation. Merci pour ton soutien, ça me touche beaucoup. La suite arrive très bientôt 😉 Amitiés sincères à toi aussi.
Coucou Armelle c’est un plaisir de te lire. Ce premier article est très touchant.
Tu as été courageuse de franchir le pas … Tu ne changes pas tu es toujours une femme exceptionnelle,.combative et pleine d’ambition. Bravo a toi et a ta famille. J’ai hâte de lire la suite. Bises à vous trois.
Merci Sophie 💕 Tes encouragements me vont droit au cœur. Oui, franchir ce pas a demandé du courage et je suis heureuse d’avoir osé le faire. Reste connectée, la suite ne manquera pas d’émotions et de belles surprises ✨ Gros bisous à vous 3 !