La rentrée pas comme les autres.

Ce matin du 2 septembre 2024, pendant que des milliers d’élèves sortaient leurs cahiers, à 10 000 km de son collège, Célian ouvrait le sien sur un rooftop au Pérou. Pas de cloche qui retentit pour annoncer la reprise des cours. Nous avons échappé à l’achat des fournitures scolaires. La trousse était légère et il n’y a pas eu de livres à couvrir, ni d’inscription à la cantine à faire.

Pour Célian, qui aurait dû rentrer en 5ème au collège Fénelon de Nevers, ce matin-là, le cours de maths aura lieu sur le rooftop de notre auberge à Paracas, dans la région d’Ica, au Pérou. Ambiance estivale et décontractée, avec une vue spectaculaire sur les plages de sable et les eaux cristallines de l’océan Pacifique. Pas d’uniforme, juste un pantalon léger, un tee-shirt et des Birkenstock aux pieds.

Même si j’allais devoir jouer le rôle de prof de maths, de français, d’espagnol, d’anglais, … et faire preuve de patience et de pédagogie, quel sentiment de zénitude et de plénitude que de pouvoir passer du temps avec Célian et de participer concrètement à son éducation. Quant à lui, il était détendu, d’humeur légère, sans la pression des interros surprises ou autres évaluations.

Célian fait sa rentrée scolaire sur un rooftop à Paracas au Pérou
Rentrée scolaire face à l’océan, ambiance unique pour apprendre autrement.

Comment avons-nous organisé l’école en voyage ?

Soucieux de l’éducation et du bien-être de notre fils nous nous sommes longuement interrogés avant le départ : « Pouvons-nous déscolariser Célian 10 mois le temps de réaliser notre tour du monde ? » ou encore « Comment ne pas le pénaliser au retour ? ».

Après avoir lu de nombreux témoignages de parents, rencontré et échangé avec le directeur du collège de Célian et dicuté avec mon amie institutrice Laëtitia, nous avons opté pour un enseignement léger. Pour Célian, ni CNED, ni unschooling mais une « école nomade », adaptée à notre rythme.

Quand on voyage en sacs à dos pas de place au superflu alors dans nos bagages :

  • un cahier d’écriture, un cahier de dessin,
  • quelques mini-crayons de couleur, un crayon de papier, un crayon 5 couleurs, un taille-crayon et une gomme,
  • l’appli Duolingo pour jongler entre l’anglais dans les pays hispanophones et l’espagnol dans les pays anglophones,
  • et, au départ, le site Hatier Entraînement pour les maths et le français.

Cette année, pas d’emploi du temps : on mise sur la souplesse et l’adaptation. Notre objectif ? Découvrir l’école de la vie et partager du temps en famille. Alors entre 2 avions, en bus, sur une plage déserte, et à notre rythme, nous ambitionnons de finir le programme avant la prochaine rentrée scolaire tout en profitant pleinement de ce périple pour apprendre tout ce qu’on ne nous enseigne pas en classe.

Les obstacles sur la route

L’atmosphère légère de la rentrée n’a pas duré. Si nous avons échappé à la pression des contrôles, des notes, aux réunions parents-profs, garder son fils motivé au quotidien, plus attiré par les activités en plein air, n’a pas été de tout repos. Alors nous avons misé sur notre créativité pour transformer chaque découverte en apprentissage concret. Dessiner la carte des pays est devenu un jeu d’enfant pour Célian ! Et nous avons instauré quelques rituels : pratiquer les langues étrangères quotidiennement, une dictée à la Pivot chaque dimanche et les révisions des tables de multiplication pour les connaître sur le bout des doigts à la fin de l’aventure.

De l’outil numérique au traditionnel manuel scolaire « tout en un »

Puis, nous avons très rapidement abandonné le site internet Hatier Entraînement pour le livre-cahier «Je comprends tout» résumant tout le programme. Bien plus simple quand nous n’avions pas de connexion Internet, plus complet également puisqu’il incluait : SVT, Histoire-Géo et Physique-Chimie. Cet outil offrait aussi une meilleure visibilité du programme, de l’avancement de Célian et plus de clarté dans les explications. Les bilans ont aussi été un bon support pour les révisions de pré rentrée.

Nous avons parfois, et surtout en maths, eu recours à des vidéos YouTube, notamment celles d’Yvan Monka https://www.youtube.com/channel/UCaDqmzanCq4ZYhdEm0Df9Qg, ce qui nous a largement simplifié les explications et évité quelques tensions…

« Voyager n’empêche pas d’apprendre : au contraire, c’est l’école de la vie. » Armelle

Bilan et retour

Malgré nos efforts sur les 2 mois précédant la rentrée scolaire, nous avons partiellement atteint notre objectif, mais au final, quel élève de 5ème aura visité l’intégralité du programme scolaire ? De toute façon les programmes sont pensés pour être étalés sur 3 ans et nous ne sommes qu’au début du cycle 4 (5ème – 4ème – 3ème). Alors si l’objectif de terminer le programme n’a pas été atteint à 100 %, il a largement été compensé par l’expérience vécue. Réviser les volcans en admirant le mont Fuji au Japon ou encore le mont Bromo en Indonésie restera un souvenir indélébile.

Nos longues, et parfois interminables, randonnées ont nourri de nombreux échanges, et Célian a pu laisser libre cours à son imagination pour de futurs projets entrepreneuriaux, et il ne manque pas d’idées. On se demande de qui il tient…

Au-delà des cartes et des livres, apprendre la géographie grandeur nature a été, somme toute, bien plus enrichissant et la matière la plus facile à travailler en tour du monde.

Comprendre l’anglais en commandant un repas à l’autre bout du monde donne du sens aux apprentissages et 4 mois d’espagnol intensif + 6 mois d’anglais en immersion seront sans doute bien plus efficaces que 3 heures par semaine au collège.

 Quant à la pratique sportive, que rêver de mieux pour son enfant que de lui proposer de nombreuses disciplines afin de lui offrir un maximum de sensations ? Parapente en Nouvelle-Zélande, snowboard sur le sable au Pérou ou encore surf dans les vagues indonésiennes. Voyager, c’est aussi découvrir, expérimenter et apprendre bien sûr. Et cela reste gravé à vie.

Transformation : Retour en 4ᵉ avec autonomie, maturité et ouverture d’esprit.

Il y a les savoirs bien sûr mais durant notre périple, Célian en a également profité pour acquérir de nouvelles compétences : se repérer sur une carte, un plan de ville, de métro, cuisiner, conduire un scooter, prendre de belles photos, créer un portfolio sur Canva, faire un exposé,…

Rien ne développe l’intelligence comme les voyages. Émile Zola

C’est donc plus riche que Célian a repris le chemin du collège, directement en 4ᵉ.

Son cartable est rempli de souvenirs, mais aussi d’une nouvelle maturité : plus autonome, plus motivé, et bien décidé à réussir son année. Le voyage a enrichi sa culture générale et l’a rendu plus ouvert d’esprit. Bien sûr, il doit retrouver un certain rythme, et il en est pleinement conscient. Mais il est aussi davantage capable de s’adapter aux différents changements et situations qu’il va rencontrer à l’avenir. 

Et pour les parents qui hésitent…

On me demande souvent : « Est-il possible de déscolariser son enfant en France ? »
La réponse est simple : oui. Si pendant un voyage au long cours en famille, c’est à nous, parents, qu’il revient d’assurer l’instruction de vos enfants, en quittant le territoire français pour une durée supérieure à 3 mois, nous ne sommes plus soumis à l’obligation d’instruction française. Nos enfants ne dépendent alors plus de l’éducation nationale mais bien de nous ! 

 Et c’est même plus simple que l’école à la maison qui depuis la loi dite « anti-séparatisme » du 24 août 2021 oblige les parents à soumettre une demande d’autorisation à leur académie pour pratiquer l’instruction en famille.

Pas besoin de demander d’autorisation au rectorat de votre académie, il suffit d’une lettre à l’académie pour prévenir, puis d’une réinscription au retour. Pour nous, cela n’a pris que 10 minutes.


Dans vingt ans, vous serez plus déçus par les choses que vous n’avez pas faites que par celles que vous avez faites. Mark Twain

Séance scolaire mère-fils en Bolivie avec vue sur les montagnes et un lama.
Le privilège d’apprendre ensemble, dans un décor hors du commun.

L’école ne devrait jamais être un frein à l’envie de découvrir le monde. Il existe de nombreuses solutions, à tout âge, et l’essentiel est de trouver celle qui convient à chaque famille. La salle de classe conventionnelle n’est qu’une option parmi d’autres.

Alors, prêt à offrir à votre enfant l’expérience de l’école… face à l’océan ?

Célian écrit dans son cahier sur un rooftop à Cusco avec sa tablette.
Fin d’un chapitre scolaire unique, mais début de tant d’autres aventures.

5 commentaires

  1. Un post que j’ai lu avec beaucoup d’attention et qui est très rassurant et déculpabilisant. Merci Armelle pour ce retour d’expérience 🤗

      1. Comme on me fit longtemps grief d’être trop dans le verbe, j’ai tendance à passer par le biais des fameux émoticônes ( comme la mort…🙄 ) pour réagir lors d’échanges via le Net.
        Je suis un peu joueur donc, mais comme disait le philosophe  » Ce qu’on te reproche, cultive le  » , mon naturel reviendra comme monte la marée au Mont-Saint-Michel 🐎, je puis te l’assurer chère Armelle 😌….
        D’autant que ta relation précise et pertinente du Voyage d’une vie le mérite ! 🙏

        Nb je n’ai pas une minute à moi depuis que je suis en retraite ( avoir le temps et le temps d’en perdre est un art , crois-moi 😁)
        Amitiés

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