C’est le dernier article de cette série consacrée au Pérou, avant de passer la frontière bolivienne. Et pour conclure, je voulais partager avec vous mon coup de cœur absolu : le lac Titicaca.
Situé entre le Pérou et la Bolivie, au cœur de la cordillère des Andes, le Titicaca est le plus grand lac navigable du monde : 190 km de long sur 80 km de large. Ses dimensions impressionnent, mais sa magie ne se résume pas à la géographie. Ici, beauté des paysages et chaleur humaine se mêlent pour offrir une expérience unique.
Arrivée à Puno : la magie au lever du soleil
Après un long trajet en bus, nous arrivons à Puno, au lever du soleil. Le froid pique un peu, mais le spectacle est grandiose. Un ciel flamboyant, le lac immense, et cette impression d’être face à quelque chose de sacré.
D’ailleurs, le Titicaca n’est pas un lac comme les autres : il est chargé de mysticisme inca. Depuis des siècles, des offrandes sont déposées dans ses eaux profondes : or, figurines,…pour s’assurer de bonnes récoltes.

Une immersion familiale à Llachón
Nous aurions pu choisir de rester sur l’île touristique de Taquile, mais nous voulions autre chose. Alors on emprunte un collectivo direction Llachón, un petit village au bord du lac. Là, nous sommes accueillis comme de la famille par Luis (el padre), Antonia (la madre) et leurs enfants : Petit Luis, Myriam, Maria et Christian.
Ce séjour fut une véritable expérience “vis ma vie”. Initialement prévu pour 2 nuits, il s’est prolongé à 4 tant nous nous sentions bien. Et le départ, le cœur lourd et les larmes aux yeux, fut particulièrement difficile avec une envie forte de revenir le plus vite possible.
Apprentissages et traditions
C’est sous l’oeil expert d’Antonia que nous apprenons à fabriquer des bracelets. Pas vraiment ma spécialité, mais grâce à sa patience, je finis par y arriver. Célian, lui, est aux anges lorsqu’il assiste à la naissance de chatons.

Luis, de son côté, nous initie à l’agriculture traditionnelle :
- pommes de terre les 2 premières années,
- quinoa, maïs, fèves et blé les 3 années suivantes,
- puis la terre est laissée au repos pendant 4 ans.
Ce n’est pas pour faire du commerce, juste de quoi nourrir la famille. Ici pas les moyens (et tant mieux) pour des produits chimiques : une agriculture sobre, physique, respectueuse de la terre, où tout le monde met la main à la pâte… avec l’aide des ânes (jusqu’à 50 kg chacun !). Louis fabrique même ses propres outils. Il achète juste le métal pour le reste c’est le cuir des vaches et le bois local. Quant aux lamas ils permettent aux familles de se nourrir et aussi de se vêtir chaudement car même à la bonne saison les nuits sont glaciales ici. Antonia confectionne et vends d’ailleurs ses créations : bonnets, gants, pulls et bandeaux.

Un autre moment marquant : la découverte du chucuto, une plante locale utilisée comme shampoing naturel. C’est le secret des magnifiques cheveux noirs des femmes péruviennes… sans un seul cheveu blanc. J’ai eu droit à un atelier et j’ai pu l’essayer : magique ? Non, je dois toujours lutter contre mes cheveux blancs.

Vie quotidienne et fous rires
Antonia et Myriam nous régalent de soupes, de pommes de terre bien sûr, mais aussi de crudités et de poissons fraîchement pêchés dans le lac (perche et truite).

Avec Petit Luis, nous partageons des parties de Uno revisitées selon ses propres règles, pas toujours très officielles mais hilarantes. Nous essayons les vêtements traditionnels, accompagnons les enfants pour abreuver les animaux, et terminons en match de foot improvisé dans nos accoutrements.





Célian joue au volley avec les habitants sur la place du village, où les points se comptent à l’ancienne : des épingles à linge sur un fil. Une ambiance de fête, jusqu’à ce qu’un orage éclate et que Luis vienne nous récupérer en camionnette… dans la benne, trempés mais heureux.

La force tranquille de Myriam
Parmi tous les beaux souvenirs de cette immersion, Myriam nous a particulièrement touchés. À seulement 13 ans, cette jeune fille mène une vie impressionnante : elle s’occupe des animaux, participe aux cultures, aide en cuisine, accueille les touristes… et trouve encore l’énergie de servir de guide pour les excursions, en plus de son travail scolaire.
Ce contraste nous a fait réfléchir : c’est important que nos enfants prennent conscience de la chance qu’ils ont dans les pays développés.
Pourtant, ce n’est pas la fatigue que Myriam dégage, mais une joie de vivre incroyable. Elle respirait le bonheur. Elle s’est d’ailleurs très vite entendue avec Célian : ils ont joué ensemble au volley, ont ri aux éclats… et se sont même relayés pour porter le petit chiot Bobby lors de l’excursion à Taquile. Un moment simple et touchant, mais inoubliable.

Excursions sur le lac
Notre séjour fut aussi l’occasion de belles excursions.
- Les îles Titinos : une alternative authentique aux îles Uros, bien plus touristiques. Ces villages flottants, construits sur des lits de roseaux fixés à des poteaux en eucalyptus, abritent une vingtaine de personnes réparties en 5 familles. Ici, tout est fait en roseau : les maisons, les embarcations… et même les armes, utilisées pour chasser le canard et nourrir la communauté.
Les habitants vivent aussi du tourisme, qui complète leur subsistance : tours en balsa traditionnelle, vente d’objets en roseau, ou rôle de guide pour expliquer leur mode de vie. Aller à leur rencontre, c’est donc à la fois une expérience humaine riche et un soutien direct à leurs familles.






- L’île Taquile : accessible en bateau, évidemment. Pour l’occasion, Myriam nous accompagne, avec Bobby, le chiot beauceron qu’il a fallu porter une grande partie du trajet pour atteindre le mirador tant il était épuisé par la chaleur et l’altitude. Une occasion de nous tester à la danse locale sur la plage du village.








L’inauguration du port de Llachón
Hasard du calendrier, nous étions présents pour un événement majeur : l’inauguration du futur port de Llachón. Luis et Antonia, très investis pour leur communauté, nous ont fait participer.
C’était une véritable fête : élus, télé locale (nous avons même été interviewés), Miss locales, danses traditionnelles… Un moment fort, symbole de l’importance du tourisme pour l’avenir du village.





Clap de fin au Pérou
Nous avions prévu de découvrir aussi le lac côté bolivien via Copacabana. Mais la situation politique était trop tendue : hébergements fermés, frontières incertaines. Alors nous avons pris la décision de poursuivre notre route.
Le lac Titicaca restera notre coup de cœur péruvien. Par la beauté de ses paysages, oui. Mais surtout par la chaleur humaine et la sincérité des rencontres. Le voyage, c’est ça : s’émerveiller autant des lieux que des personnes. Rendez-vous mercredi en Bolivie pour de nouvelles anecdotes ?
C’est ce qu’il est convenu d’appeler une belle immersion familiale autour et sur le lac Titicaca, un autre mythe de cette contrée inca ! Très édifiants de vérifier s’il en était besoin, que ceux qui n’ont que trois fois rien, développent des trésors d’ingéniosité pour démontrer au quotidien, et comme le disait le génial Raymond Devos que » trois fois rien, c’est pas rien » 😌
C’est sûrement un bain de fraîcheur, de rapports humains simples, toujours dans un environnement qui doit faire battre le coeur d’un sentiment de beauté absolue.
Pour votre petit gars, Ceylian, ça a dû être encore une expérience enrichissante supplémentaire pour renforcer sa foi en l’humanité, la découverte de la beauté du monde dans sa diversité, et la dure réalité des combats quotidiens pour survivre, tout simplement.
Puisse-t-elle le conforter et lui éviter de tomber dans le piège des préjugés.
Je dis cela car l’ambiance actuelle est catastrophique, propice au désenchantement, à l’aggravation des clivages, et en bout de course à la violence.
Regarder vivre ces gens, ces personnes aimables, au bord d’un grand lac beau et froid, et loin de tout, est sans nul doute un véritable bain de jouvence.
Je leur souhaite de bénéficier des bienfaits d’un tourisme » raisonné » car après tout, un peu de superflus dans le quotidien, un peu de beurre sur la truite locale ne fera pas de mal. Ils aspirent comme nous je pense à évoluer dans leur condition, sans renier leur identité….
Vous êtes classieux, souriants , et colorés avec les vêtements locaux adaptés au milieu.
Toujours de belles photos, même si je devine que dans le secret de vos cœurs et de votre Livre d’or, vous en avez encore de plus belles ! Mais ça n’est pas le sujet n’est-ce pas ? ☺️😉
Bien sûr » édifiant » ne prend pas de » S »
Nb quel est le moyen de corriger une coquille ? 🧐✍️….